Contre toute attente, un rond peut rentrer dans un carré, et Gilles Lellouche peut faire un bon film.
Malgré sa structure narrative calibrée et son final attendu, Le Grand Bain est une belle comédie, habitée par un fond dépressif qui rend le film et ses personnages d'inadaptés profondément touchants. Lellouche ne cherche pas le rire à tout prix, mais construit patiemment l'émotion de son récit, animé d'une réelle tendresse à l'égard de ces névrosés cassés par la vie, restés dans l'enfance, désabusés par le réel et ses règles oppressantes. Par sa mise en scène habilement géométrique, il raconte en image la lutte de ces anticonformistes contre le conformisme du jeu social et ses hypocrisies.
Dans un monde désenchanté et blasé, le final coloré et musical du Grand Bain vient tordre le cou de la vraisemblance et de la logique pour imposer la beauté de la fiction, capable de rendre possible l'impossible. La morale est simple, mais elle est assenée avec une sincérité désarmante, et portée par un casting parfaitement dirigé, en tête duquel trône Philippe Katerine, génial de bout en bout.