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For now we see through a glass, darkly...

Un blog consacré aux cinémas de tous âges et de tous horizons


1917, Sam Mendes, 2020

Publié par Romaric Berland sur 19 Janvier 2020, 11:03am

Catégories : #Cinéma américain, #Cinéma européen

Toute la force et la limite de 1917 tient dans son principal argument promotionnel : que ce récit de guerre de facture très classique ait été tourné en un seul faux plan-séquence.

A ce titre, le film de Sam Mendes bute contre les mêmes travers que d'autres oeuvres avant lui (Gravity, The Revenant, Victoria...) : l'orchestration "logistique" des acteurs, des décors, des actions et de leur synchronisation y est certes grandiose, la puissance descriptive et immersive évidemment renforcée, mais la "mise en scène" se trouve réduite à un simple ballet de mouvement façon "tour opérateur" avec promenade dans les tranchées, partie de cache-cache dans les ruines et activité canyoning. Le spectateur se trouve brinquebalé sur un chariot de montagne russe, le long d'une narration alternant à un rythme un peu trop calculé (et au final un peu lassant) montées d'angoisse et accalmies. Entendons-nous bien, on ne remet pas en cause la sincérité du projet de Sam Mendes, ni l'impact réel de certaines scènes, formellement percutantes et émotionnellement poignantes (l'assaut final, l'agonie en "temps réel" d'un soldat etc...). Sur ce point, l'exercice de style est réussi et il serait hypocrite de dire qu'on n'y a pas ressenti ni plaisir ni sidération. Mais, en donnant trop de place à la technique et pas assez au récit, 1917 donne l'étrange impression de reconfigurer l'Histoire et sa représentation en un simple parc à thème où la fine fleur du cinéma british s'amuse à jouer à "Où est Charlie ?".

De même qu'un bon film ne se résume pas mathématiquement à la somme de ses bons plans, Hollywood devrait comprendre qu'un plan-séquence -aussi brillamment exécuté soit-il- n'est pas la condition sine qua non pour faire du grand cinéma. 1917 le montre : utilisée comme un nouvel instrument incroyablement efficace du spectaculaire, cette technique de filmage -autrefois élitiste car la marque de fabrique du cinéma d'auteur- est en passe de devenir depuis quelques années le nouvel académisme hollywoodien.

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