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For now we see through a glass, darkly...

Un blog consacré aux cinémas de tous âges et de tous horizons


Narc, Joe Carnahan, 2003

Publié par Romaric Berland sur 2 Novembre 2013, 17:25pm

Catégories : #Cinéma américain

Avec ses flics brisés par le boulot, ses scènes d'action réalistes et brutales (notamment une scène d'intro coup de poing), sa photographie aux teintes blafardes et poisseuses, Narc renvoie au meilleur du polar urbain américain. Premier long-métrage de Joe Carnahan, le film promettait un bel avenir à son réalisateur (devenu entre temps un exécutant anonyme à la solde d'Hollywood).

Polar noir et dépressif, Narc plonge dans toute une imagerie issue du cinéma américain des années 70. Dans un style volontiers documentaire (caméra à l'épaule...) qui rappelle souvent le French Connection de William Friedkin, le film sillonne la banlieue de la ville de Détroit ravagée par la drogue et la violence. Un peu comme dans Le Prince de New-York de Sidney Lumet, Carnahan dépeint le quotidien de flics dépassés et surmenés, confrontés à des situations au-delà du Bien et du Mal qui les cassent à tout jamais. Même le couple de policier semble rejouer deux personnages de flics mythiques du cinéma des années 70 : entre un Ray Liotta nerveux et violent qui rappelle Jimmy Doyle Popeye (le flic expéditif de French Connection interprété par Gene Hackman) et Jason Patric, ex-flic infiltré dont le look renvoie clairement à Serpico (interprété par Pacino), Narc semble s'ébattre avec plaisir dans toute cette imagerie d'une Amérique aux icônes déchues. Le film a beau être un exercice de style qui n'invente rien, le long métrage parvient à sortir du lot grâce à sa mise en scène efficace et grâce à de bons interprètes.

Néanmoins, fort de ces belles qualités, on peut regretter que le film se laisse parasiter par certains effets de style. Carnahan cherche un peu systématiquement à enchaîner les moments coup de poing, à jouer la carte de la virtuosité gratuite (la marque de la jeunesse assurément). On regrette également un final trop lourdement explicatif et un peu grand-guignolesque. Le réalisateur nous laisse sur notre faim, comme s'il n'avait pas eu le courage de terminer vraiment son film. Ce sont bien là les signes d'un manque de maturité chez un réalisateur qui a voulu prouver qu'il était plus que ce qu'il pouvait paraître. Même si Narc est plutôt réussi, il faut avouer qu'il tient plus de l'hommage à une certaine tradition du polar américain que Carnahan révère mais dont il ne cherche pas à se détacher pour produire autre chose. Pour ce qui est de la naissance d'un vrai talent original et authentique de metteur en scène, on repassera donc.

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