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For now we see through a glass, darkly...

Un blog consacré aux cinémas de tous âges et de tous horizons


Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki, 1988

Publié par Romaric Berland sur 1 Septembre 2013, 10:21am

Catégories : #Cinéma asiatique

Second film du studio Ghibli, Mon voisin Totoro est assurément l'une des plus belles réussites de Miyazaki. Sur la base d'un sujet plus intimiste, le film tranche par rapport au reste de la production du maître japonais, d'ordinaire plus épique et grandiloquente. Ici, comme le veulent les légendes et les coutumes japonaises, l'univers du quotidien sert de cadre au fantastique, et il se trouve pétri de croyances populaires et de vieilles superstitions qui ont finit par cimenter l'imaginaire collectif du Japon. Loin des fresques très héroïc-fantasy dans lesquelles Miyazaki excelle (Princesse Mononoke ou Le château dans le ciel), Mon voisin Totoro marque par la simplicité de ses ambitions et de ses moyens.

Petit conte situé dans un cadre spatial très restreint (une maison et la forêt qui l'entoure), le film cherche avant tout à pénétrer dans l'esprit du Japon rural, où le fantastique est partout. Jamais menaçant ou inquiétant, le surnaturel se trouve au contraire accueilli avec simplicité et bienveillance : les maisons sont dites hantées mais ne font pas peur, et les enfants comme les adultes acceptent sereinement la présence et l'existence d'êtres surnaturels autour d'eux (contrairement à un film comme E.T. où le monde des adultes, trop rationnel, voit tout élément fantastique comme menaçant). Cette intrication étroite entre le quotidien et le fantastique ravit constamment. Miyazaki dépeint un mode de vie utopique où l'homme vit en harmonie avec le monde, la nature et tous les êtres, réels ou imaginaires, qui la peuplent. Le réalisateur met ainsi brillamment en scène l'esprit japonais : le monde quotidien est considéré comme une maigre part visible de l'univers, et derrière cette manifestation physique du monde appréhendée par nos sens se niche en vérité un autre monde fait d'esprits et de dieux avec lesquels il faut cohabiter. Les coutumes, les rites et rituels sont autant de moyens de communiquer avec cet autre monde invisible pour vivre en harmonie. Ainsi le Totoro, cet espèce de gros panda grassouillet, n'est rien d'autre qu'un esprit de la forêt chargé de conserver l'équilibre et le cycle de la nature. C'est aux hommes au coeur le plus pur et le plus simple (aux enfants comme toujours) qu'est réservé le privilège de les rencontrer.

Ainsi, le miracle qui fait que les films de Miyazaki sont si plaisants, c'est qu'ils parviennent magiquement à toucher autant un public d'enfants ou d'adultes. C'est toujours avec pudeur et retenue que le maître japonais développe sa vision humaniste du monde, ce qu'incarne avec force ce film sensible et poétique, sorte de manifeste de l'oeuvre entière de l'empereur de l'animation japonaise.

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