Le Gangster, le Flic et l'Assassin, Lee Won-Tae, 2019

Pour arrêter un tueur en série, un policier tête brûlée s'associe à un chef mafieux qui fut sa victime afin de le traquer. Avec ce pitch prometteur inspiré d'une improbable histoire vraie, Le Gangster, le Flic et l'Assassin s'annonçait comme un polar friedkinien, malmenant les repères moraux du spectateur face à une société gangrenée jusqu'à la moelle, où la justice et l'illégalité, le Bien et le Mal se confondent jusqu'à l'indistinction.

Malheureusement, le réalisateur Lee Won-Tae préfèrera au thriller "noir noir noir" façon Na Hong-Jin le ton enjoué et l'insolence crâneuse du buddy movie. Le résultat est un film de série B certes très divertissant, mais à l'écriture pas très finaude et aux acteurs en cabotinage constant. S'amusant de l'amoralité de son récit, Lee Won-Tae gonfle sa mise en scène d'effets poseurs et de ralentis stylisés, mais on regrette que le cinéaste ne développe pas les brillants questionnements que son histoire porte pourtant en germe au détour d'une scène ou d'une réplique bien sentie -jusqu'à ce final, idéologiquement trouble et passionnant mais pas vraiment exploité.

En définitive, Le Gangster, le Flic et l'Assassin bande les muscles mais il lui manque de la matière grise pour être autre chose qu'un énième polar coréen.