Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

For now we see through a glass, darkly...

Un blog consacré aux cinémas de tous âges et de tous horizons


In memoriam : Michael Cimino (1939-2016)

Publié par Romaric Berland sur 3 Juillet 2016, 10:25am

Catégories : #In memoriam

In memoriam : Michael Cimino (1939-2016)

Dernier tour de valse pour Michael Cimino, mort hier à 77 ans.

Digne héritier de John Ford, ce génie maudit et mégalo était, avec Clint Eastwood, l'un des derniers utopistes du cinéma américain. Quelqu'un qui croyait fermement dans les idéaux et les principes de son pays, mais qui n'a pas cessé de filmer leur dissolution et leur trahison dans les remous chaotiques de l'Histoire. L'Amérique, terre de liberté et d'amour, est toujours restée un doux rêve dans son cinéma, une expérience toujours possible mais toujours gâchée par la folie des hommes. C'est bien de ça dont parlait La Porte du Paradis, son chef d'oeuvre maudit : on est resté au seuil de l'Eden américain. Le rêve a existé l'espace d'un instant, mais il a été immédiatement tué dans l'oeuf.

Et c'est sans doute là qu'on touche au beau paradoxe de l'oeuvre de Michael Cimino : l'utopie est toujours une voie possible, un idéal qui, s'il a été malmené par l'Histoire, n'en reste pas moins valide dans l'avenir...mais cette utopie crée un sentiment puissant de nostalgie pour le passé, pour cet âge d'innocence avant la chute, où le rêve n'a pas encore été souillé. Pour reprendre le titre de l'ouvrage que Jean-Baptiste Thoret lui a consacré, Michael Cimino filmait "les voix perdues de l'Amérique", ces moments charnières où le bonheur universel était à portée de main avant d'être capté par l'avidité des hommes. Comme John Ford, Cimino était fasciné par la danse, par ces moments de joie et de communion où la communauté une et indivisible existait réellement, le temps d'une valse, avant de se fracturer de nouveau. L'espace d'un morceau de musique, d'un tour de piste, les corps s'unissent et vont dans le même sens, les hommes peuvent vivre leur amour en toute liberté dans l'oubli du monde et de l'Histoire. Chez Cimino, le bonheur a une couleur sépia. C'est celle d'un vieux souvenir gagné progressivement par l'oubli...

Parce qu'il était un cinéaste profondément inactuel, qui n'a jamais eu le sentiment d'appartenir à son époque, ses films ont toujours été mal reçus, incompris même. Puissamment lyriques et élégiaques, ils nous rappellent qu'en d'autres temps et en d'autres lieux, un autre monde a été possible..

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents